L’eau, en quantité suffisante, représente une nécessité impérative pour le fonctionnement de la plante et sa survie. Chacun sait qu’il faut arroser le sol dans lequel une plante pousse pour qu’elle ne meure pas. En effet, les plantes vasculaires, contrairement à certains végétaux comme les mousses et les lichens, dépérissent rapidement si leur teneur en eau s'écarte de 15 à 30 % environ de sa valeur maximale. La plante doit avant tout maintenir un bon état d’hydratation, compatible avec la réalisation des nombreuses réactions de son métabolisme qui permettent sa croissance, son développement : photosynthèse, respiration, division et allongement cellulaire, résistance aux agresseurs etc. D’autre part, un contenu en eau suffisant permet aussi à la plante de tamponner les variations brusques liées à la demande climatique, par exemple lors d’un fort ensoleillement après des conditions de ciel couvert. L’état hydrique de la plante dépend essentiellement de deux facteurs : sa possibilité de s’alimenter en eau et celle de contrôler efficacement ses pertes en eau. Rappelons que l’alimentation en eau permet de fournir à la plante les éléments minéraux provenant du sol, ainsi que, par le processus d’évaporation foliaire, de limiter l’échauffement des feuilles lorsque la température de l’air et le rayonnement solaire sont forts. Ces derniers points sont développés dans les chapitres II.5 et II.6.
La connaissance de l’état hydrique des plantes a plusieurs finalités d’ordre agronomique ou forestier. Ce sont particulièrement le besoin de connaissance et de prévision des effets des contraintes hydriques sur la croissance et la production végétale, la détermination des besoins en irrigation des cultures, la sélection génétique de variétés ou de clones résistants ou tolérants à la sécheresse.
Il existe deux grands types d’approches de la connaissance de l’état hydrique de la plante. En premier lieu, on peut mettre en œuvre des techniques de mesures directes des variations de la quantité d’eau ou de son état énergétique dans les tissus ou les organes. Ce sont ces approches que nous développerons dans ce chapitre. Mais il existe aussi toute une panoplie de méthodes indirectes de grandeurs plus ou moins corrélées avec les précédentes ; on parle alors d’indicateurs hydriques. Nous présenterons rapidement quelques-unes de ces approches en fin de chapitre.