On a vu tout au long de ce document les rôles distincts des sèves brute et élaborée dans la plante et comment il est nécessaire de représenter séparément les deux domaines apoplasmique et symplasmique pour modéliser les flux d’eau et de carbone, tout en décrivant leurs interactions.
Le sous-modèle hydrique porte d’une part sur les flux d’eau qui circulent dans le système vasculaire proprement dit mais aussi sur les transferts qui s’établissent radialement et de façon diffuse dans les tissus parenchymateux à travers les voies apoplasmique et symplasmique. Trois variables d'état au moins (Ψ, P, C) doivent être définies en tout point, qui sont reliées entre elles par la condition de l’équilibre hydrique :
Ψ = P – R.T.C
La modélisation « complète » du fonctionnement de la plante à partir de l'extrapolation du modèle de Münch que nous avons proposée, suppose la connaissance d'une double architecture hydraulique et de la répartition des activités source et puits de carbone dans la plante.
On sait que le « signal » diamètre de tronc d’arbres fruitiers est largement utilisé aujourd’hui, dans le pilotage de l’irrigation notamment, mais que l’interprétation de ce signal reste très empirique. Il nous a semblé intéressant d’appliquer à titre d’exemple le modèle proposé à l’étude de la croissance diamétrale de jeunes arbres. En effet, la séparation nette que le modèle permet de faire entre les limitations d’ordre trophique et hydrique de la croissance diamétrale, ouvre des perspectives nouvelles pour analyser ce signal.
Des courbes de variation de diamètre ont été obtenues en jouant sur les conditions de lumière pour moduler le niveau trophique d’arbres virtuels. D’autres simulations ont porté sur l’effet du stress hydrique mais n’ont pas été rapportées ici. Dans l’ensemble les résultats de simulation sont qualitativement très proches de ce que l’on observe sur les arbres soumis aux mêmes conditions expérimentales. Des expérimentations complémentaires seraient nécessaires pour mieux valider le modèle afin de le rendre opérationnel en termes de prévision – gestion des vergers.
Remarquons encore que si les méthodes expérimentales modernes (imagerie RMN) ont permis de visualiser et quantifier les flux de sève brute et élaborée in vivo, l'hypothèse de l'existence de deux flux opposés à l'échelle cellulaire dans le symplasme et l'apoplasme des tissus consommateurs de sucres résulte uniquement actuellement d'une extrapolation théorique du modèle de Münch au fonctionnement des tissus parenchymateux ; aucune confirmation expérimentale n'en a été apportée jusqu'alors.