4. Conclusion
L’efficacité de la transpiration d’une plante repose sur trois principales caractéristiques. La plante doit posséder une pompe à eau puissante (les feuilles), un système de tuyauterie performant (les tissus conducteurs de la sève brute) et une surface d’absorption de l’eau du sol (les racines) bien dimensionnée.
Ce système de pompe et de tuyaux est extrêmement performant, tout particulièrement chez les arbres. Il s’est progressivement amélioré au cours de plus de 400 millions d’années, depuis que sont apparues les plantes terrestres. De très grands arbres sont capables de faire remonter l’eau du sol jusqu’à leurs feuilles à une hauteur dépassant parfois les 100 m. Nous avons rassemblé sur la figure 9 quelques records de hauteurs d’arbres dans le monde. Il apparaît, d’après des études théoriques des chercheurs, que la hauteur maximale qu’un arbre puisse atteindre est d’environ 130 à 140 m, ce qui est en accord avec les hauteurs-record mesurées sur des arbres, vivants ou morts récemment. Cette limite de hauteur est avant tout d’origine physique : en effet, l’eau amenée à une hauteur de 100 m se trouve portée à un potentiel hydrique de – 1 MPa plus faible que le potentiel hydrique du sol. Cette eau se trouve ainsi continuellement dans les tissus aériens, les feuilles en particulier, sous une tension très importante dans la journée lorsque l’arbre transpire, ce qui limite la photosynthèse et la croissance.
Figure 9. Quelques records de hauteur des arbres dans le monde. Les deux plus grands, d’environ 130 m de hauteur, un Douglas (Pseudotsuga menziesii) et un eucalyptus (Eucalyptus regnans) ont été abattus. Les plus grands arbres vivants actuellement atteignent 100 à 110 m de haut. Bien que de dimension plus modeste, dans une forêt située près de Roanne en France (Loire), un Douglas âgé de seulement 120 ans atteint une hauteur de 67 m.
Par leur transpiration, les végétaux terrestres sont responsables de transferts d’eau considérables depuis le sol vers l’atmosphère. Lors d’une belle journée d’été, en condition de sol humide, un hectare de forêt ou de culture transpire de l’ordre de 40 à 50 m3(chapitre IV). Sur les continents, une majeure partie de l’évaporation est assurée par les différentes végétations.
Mais l’efficacité du transfert d’eau dans le CSPA connaît des limites. Il y a tout d’abord l’impact des attaques biotiques menées par un grand nombre d’agresseurs, surtout les insectes et les champignons, ayant pour cible tous les organes de la plante : racines, tiges, pétioles, feuilles et tous les tissus, parenchymes, xylème, phloème. Ces différents ravageurs et pathogènes s’attaquent le plus souvent aux végétaux lorsqu’ils sont affaiblis par un stress causé par le climat, que ce soit des fortes gelées, des fortes températures, des tempêtes ou des sécheresses intenses et prolongées. Le changement climatique qui est en cours, fait craindre une augmentation de la fréquence de tels accidents, notamment des sécheresses exceptionnelles en été et risque de provoquer le déclin ou la mort de certaines espèces et de réduire l’évapotranspiration.