Soit E la transpiration par unité de surface de la feuille, en g m-2s-1. Elle est proportionnelle à la différence (χi – χa) d’humidité absolue entre l’air interne à la feuille et l’air externe, et inversement proportionnelle à la somme (ra + rs) des résistances qui s’opposent à la diffusion de vapeur d’eau[7] (figure 5). Si les deux faces de la feuille ont les mêmes densités stomatiques, on peut écrire :
E =2. (χi – χa)/ (ra + rs) (2)
où ra et rs sont en s m-1
L’air interne est très proche de la saturation à température foliaire[8], on a donc d’après (1) χi= es(Tf). (Me/RTf) et χa = ea.(Me/RTa), ce qui permet d’écrire (2) sous la forme :
E = 2.(Me/RTa). (es(Tf) - ea)/ (rs + ra) (3)
en supposant RTf = RTa (une erreur relative inférieure à 1 % pour Tf -Ta < 3 K)
L’expression (3) est relativement facile à calculer lorsqu’on connaît les températures de la feuille Tf et de l’air Ta, l'humidité de l’air ea, et les résistances de la feuille rs et ra .
Figure 5. Diffusion de la vapeur d'eau à travers l'épiderme
Mais comme Tf n’est pas facile à mesurer, on a cherché à la calculer en utilisant le bilan énergétique de la feuille, pour pouvoir calculer E en fonction des seules variables externes. La transpiration est limitée par l’énergie disponible pour évaporer l’eau des cellules, connue sous le nom de chaleur latente de vaporisation λ, élevée chez l’eau (λ~2,45 MJ kg-1) . Cette forte valeur de λ représente environ 600 cal/g : il faut 6 fois plus d'énergie pour évaporer un gramme d'eau que pour le chauffer de 0 °C à 100 °C. Ainsi, le rayonnement net absorbé par une feuille est dissipé sous forme de chaleur latente et de chaleur sensible. En explicitant ce bilan énergétique, on peut éliminer la température foliaire pour exprimer la transpiration en fonction des seules variables climatiques.
[7] Si on appelle χsur l’humidité à la surface de la feuille, on peut écrire E = (χi – χsur)/ ra = (χsur – χa)/ rs soit en ajoutant les numérateurs et les dénominateurs, E = (χi – χa)/ (ra + rs)
[8] L’humidité relative hi de l’air interne peut être calculé en fonction du potentiel hydrique foliaire (MPa) à l’aide de la formule hi = exp((ψf.Ve)/(R.T)) où Ve est le volume molaire de l’eau liquide (18 cm3/mol soit 18.10-6 m3/mol). Pour ψf = - 2 MPa soit – 2.106 Pa, et T = 298 K (soit 25 °C), on trouve h = exp((-36/(8.31*298)) = 0.986, soit un écart modeste à la saturation (h = 1) pour un dessèchement relativement important.