La feuille absorbe le rayonnement solaire, de façon variable selon la longueur d’onde. La figure 6 représente de bas en haut la fraction de rayonnement réfléchie par la feuille (en bleu) et de haut en bas la fraction de rayonnement transmise par la feuille (en rouge), en fonction de la longueur d'onde. La zone entre les deux courbes représente la fraction absorbée par la feuille. Dans le domaine visible (0,4 à 0,7 µm), les pigments photosynthétiques (chlorophylles, caroténoïdes et xanthophylles) absorbent fortement (coefficient d’absorption α = 0,85 en moyenne) tandis que dans le proche infrarouge (0,7 à 4 µm), l’absorption est beaucoup plus faible (α = 0,25 en moyenne). Comme le visible et le proche infrarouge sont en part presque égales dans le spectre solaire à la surface terrestre, α vaut en moyenne environ 0,55 pour l’ensemble du rayonnement solaire Rg (rayonnement global). Le rayonnement absorbé est dissipé de plusieurs façons :
- la feuille émet un rayonnement infrarouge de grandes longueurs d’onde (4 à 50 µm) et en reçoit également du sol et du ciel.
- elle échange de la chaleur avec l’air par diffusion et convection du fait de sa température différente de celle de l’air (chaleur dite sensible)
- elle se refroidit en évaporant l’eau transpirée (chaleur latente)
Figure 6. Propriétés optiques d'une feuille verte
On appelle Rn le rayonnement net de la feuille. On peut en avoir une bonne approximation avec l’expression suivante pour une feuille horizontale qui reçoit le rayonnement atmosphérique Ra sur sa face supérieure, le rayonnement émis par le sol εsσTs4 sur sa face inférieure, et émet le rayonnement εf σTa4 par ses deux faces :
Rn = α.Rg. (1+a) +εf.(Ra – σTa4) + εf.( εsσTs4 - σTa4)
où α peut être pris égal à 0,55, a albédo[9] de la surface sous la feuille est de l’ordre de 0,2. εf et εs émissivités de la feuille et du sol (égale au coefficient d’absorption dans l’infrarouge lointain, environ 0,95). Ra est le rayonnement infrarouge de l’atmosphère et σTa4 est le rayonnement émis par la feuille en assimilant ici encore Tf à Ta, avec σ constante de Stefan-Boltzmann égale à 5,67.10-8 W m-2 K-4. Le terme εsσTs4 - σTa4 est souvent négligé, les températures étant proches, surtout quand s se rapporte à la surface de la feuille sous-jacente.
Le bilan énergétique de la feuille s’écrit en égalant le rayonnement net à la somme de la chaleur sensible H et de la chaleur latente λE émises par les deux faces de la feuille:
Rn = H + λE (4)
où H =2.(ρcp/ra).(Tf – Ta) (5)[10]
λE peut aussi être exprimée à l’aide de (3) :
λE = 2.λ.(Me/RTa). (es(Tf) - ea)/ (rs + ra),
qu’on peut simplifier en introduisant la constante psychrométrique[11] γ = ρcp.RTa/(λ.Me),en
λE = 2.(ρcp/ γ). (es(Tf) - ea)/ (rs + ra) (6)
[9] l’albédo est la part d'énergie solaire réfléchie par rapport à celle qui est reçue par une surface. Sa valeur pour la neige est de l’ordre de 0,8 à 0,9. Pour un sol nu, l’albédo est seulement d’environ 0,05 à 0,1.
[10] Dans (5) ρ est la masse volumique de l’air (1,2 kg m-3 à 22°C), cp est la chaleur spécifique de l’air à pression constante (1010 J kg-1 °C-1). Pour ra = 30 s m-1 et Tf – Ta = 3 °C, on obtient H = 121 W m-2
[11] Le psychromètre est un appareil de mesure de l’humidité de l’air comportant un thermomètre sec de température T et un thermomètre humide de température T’. La pression de vapeur de l’air est calculée à l’aide de la formule : ea = es(T’) – γ.(T-T’) où γ est la ‘constante psychrométrique’ proportionnelle à la pression :
γ = cp.p/(r.λ) avec p pression atmosphérique (1033 hPa au niveau de la mer) et r rapport de la masse molaire de l’eau Me à celle de l’air Ma (= 18/29), soit γ~0,66 hPa °C-1 au niveau de la mer. Voir aussi http://en.wikipedia.org/wiki/Psychrometric_constant